Notes préliminaires sur le letakpú
Une langue ɓóa spécifique quasi éteinte sur les rives de la Bomokandi
(Bas-Uélé, République démocratique du Congo)
urn:nbn:de:0009-10-55263
Résumé
L’article est basé sur quelques notes prises par le co-auteur à Bongbokpole au cours d’une enquête exploratoire menée chez les Aɓaɓóa du groupement Bokpendú, Territoire des Bambesa, qui prétendent qu’à côté du leɓóale leurs ancêtres usaient d’un langage nommé letakpú, qui était parlé exclusivement non seulement par les guerriers du clan Bongbokpole pendant les batailles mais aussi par d’autres membres de la communauté à l’occasion des palabres dans le but de protéger les secrets des délibérations ; d’où l’interdiction de sa révélation aussi bien aux étrangers qu’aux membres du clan Bongbokpole même en qui on n’avait pas confiance.
Les présentes notes n’étant pas obtenues à l’aide d’un questionnaire classique, moins encore le produit d’une enquête menée par un linguiste professionnel mais plutôt par quelqu’un qui n’a bénéficié d’une initiation à la linguistique africaine que pour des fins de traduction de la bible, ne permettent pas d’avoir une idée très nette sur la structure de ce letakpú, et par conséquent d’établir avec certitude à quel groupe de dialectes ɓóa il devrait être rangé ; et surtout de vérifier l’hypothèse d’une langue initiatique ou intentionnellement créée pour être employée dans une sphère privée.
Le letakpú pourrait bien être une langue empruntée à l’un ou l’autre parler des pygmoïdes Bakangó, pêcheurs des rives de l’Uélé et de la Bomokandi ; car il s’y trouve pas mal d’éléments apparemment d’origine disparate.
Résumé
Likwé
Likoma oyo etingami na maloba mokɛ-mokɛ moninga na biso Dieudonné Tazanaba akɛndɛki kozwa na mboka Bongbopkole epai ya Baɓoa ya Bokpendu na Territoire ya Bambesa. Bango balobi bakɔkɔ na bango bazalaki koloba, kotika liɓoale oyo ezali monɔkɔ na bango, monɔkɔ mosusu ya bonkútú kombo letakpu na tango ya bitumba to pe ya kosamba makambo pɔ na kobomba oyo ekolobama, ata na bandeko na bango mɔkɔ ya Bongbokole oyo bazalaki totiya mwa tembe na bizaleli na bango.
Lokola moninga na bisu azali nde moto ayekolaki kalasi ya kota kaka pɔ na komilɛngɛla na mosala ya kobongola maloba ya Bibilia na leɓoale asalelaki mituna oyo banganga-zebi ya kota basalelaka tɛ, mwa maloba oyo azwaki ekoki naino tɛ kopesa na biso eposa ya koyeba monɔkɔ nini mosusu ya Baɓoa oyo ewulani na letakpu.
Yango wana tokobanza : tango mosusu letakpu ezali kaka monɔkɔ bazwaki epai ya bazalani na bango ya pɛnɛ-pɛnɛ, Bakango, ba-pygmées oyo balɔ́baka na mai Uele pe Bomokandi ; lokola monɔkɔ yango ezali kosangisa makambo ewuti mwa bibai na bipai.
<1>
Le présent article porte sur le letakpú qui serait une langue ɓóa spécifique qui aurait été parlée exclusivement par les guerriers ɓóa du clan Bongbokpole du groupement Bokpendú pendant les batailles. Elle aurait été aussi utilisée par d’autres membres de la communauté à l’occasion des palabres dans le but de protéger les secrets des delibérations ; d’où l’interdiction de sa révélation aussi bien aux étrangers qu’aux membres du clan Bongbokpole même en qui on n’avait pas confiance.
L’étude est basée sur quelques notes prises par le co-auteur à Bongbokpole au cours d’une enquête exploratoire menée du 08 au 15/01/2020 chez ces Aɓaɓóa. Ces notes n’étant pas obtenues à l’aide d’un questionnaire classique, moins encore le produit d’une enquête menée par un linguiste professionnel mais plutôt par quelqu’un qui n’a bénéficié d’une initiation à la linguistique africaine que pour des fins de traduction de la bible en leɓóale, ne permettent pas d’avoir une idée très précise sur la structure du letakpú.
Le but est de vérifier l’hypothèse d’une langue initiatique ou intentionnellement créée pour être employée dans une sphère privée ; et aussi si ce letakpú n’est pas simplement une langue empruntée à l’un ou l’autre parler des pygmoïdes Bakangó, pêcheurs des rives de l’Uélé et de la Bomokandi, car il s’y trouve des éléments apparemment d’origine disparate que nous allons nous efforcer d’identifier tout au long de l’exposé. Les vocabulaires dans Kinnerson-Harvey (1997) concernant la langue des Aká-Bakangó renseignent malheureusement sur les groupes vivant chez les Babali.
<2>
L’existence ancienne des langages initiatiques a été signalée chez les Lokelé (Carrington 1947) et chez les Mpámá des lacs Tumba et Inongo (Windels 1939). Dans la région qui nous occupe de tels types de langages doivent avoir été encore plus nombreux et divers, comme il y a existé et existe encore de nombreux rites d’initiation et des associations secrètes qui en dérivent (Vansina 1966:101–102).
La circoncision nkumbi [1] des Bira, Mbo, Lombi, Mbeke et Komo … avait lieu tous les trois ou six ans. Elle était dirigée par le « maître de la circoncision », le mena nganja des Komo. Les novices, baganza ou bakanza, subissaient d’abord la circoncision, puis vivaient isolés en forêt où ils subissaient des épreuves physiques nombreuses et recevaient un enseignement ésotérique complexe…
… ces initiations étaient conduites par un leadership bien défini contrairement au leadership des structures socio-politiques. Elles n’étaient souvent, semble-t-il, qu’un premier stade d’initiation dans des associations fermées.
Les Aɓaɓóa résidant à Kinshasa confirment que le letakpú a effectivement existé mais qu’à l’heure actuelle on en a plus gardé quelques bribes, telles que celles que nous examinons ici.
<3>
Selon l’Institut National de la Statistique (Kiker Kiker et Cie 1992:137), les Bokpendú, relevant de la chefferie Bokápo en Territoire des Bambesa, étaient estimés à 1165 individus. Ils ont – d’après l’Atlas de l’organisation administrative de De Saint Moulin & Kalombo (2005:87) – comme voisins les groupements ci-après :
-
à l’est les Bakangó ou Bokangó (582 individus) ;
-
au sud-ouest les Badenga (2555 ind.), qui font penser aux Bambenga-Ndenga de l’Ubangi ;
-
au nord-ouest les Bobagala (592 ind.) ;
-
au sud les Bodoma-Nzongo (598 ind.).
Deux autres groupements relevant de la même chefferie sont Bulia-Gasane, Buliambalange sur la Cartographie des bureaux de vote de la Commission Electorale Nationale Indépendante, et Bulia-Vunda, avec une population plus importante de 3428 et 2088 âmes respectivement, ce qui donne un total de 11623 habitants pour l’ensemble de la chefferie.
<4>
Il convient de noter qu’il existe plusieurs groupes et localités portant le nom de Bokápo chez les Aɓaɓóa et les Baɓenzá.
Selon les témoignages recueillis à Buta auprès de Mlle Julienne Etinde lors d’un atelier avec les futurs traducteurs de la bible en leɓóale au courant du mois d’août 2018, la population des Bokpendú a fortement diminué au cours des dernières décennies à cause de l’excès de consommation d’alcool, de la malnutrition et de la dénatalité.
<5>
Comme il n’existe pas de données linguistiques relatives aux Aɓaɓóa qui habitent les rives de l’Uélé et de la Bomokandi, il reste difficile d’établir avec certitude à quel groupe de dialectes ɓóa le letakpú devrait être rangé.
Les langues de la Bomokandi apparaissent dans Glottolog (Hammarström et al. 2019) de la manière ci-après :
[D]
Les pygmées chasseurs-cueilleurs du Territoire de Bambesa sont les Asua parlant des dialectes proches du makere. Ils constituent au sud, vers Banalia, les chefferies de Makele I, Makele II et Makere-Bakete [2].
[D]
<6>
Dans l’analyse du document l’allusion est parfois faite aux parlers des Chasseurs-Cueilleurs vivant ailleurs sur la base des hypothèses qu’on pourrait qualifier de trop hasardeuses ou spéculatives, mais qui se vérifient de plus en plus. En ce qui concerne les liens entre les Batswá de l’Equateur et Schebesta (1952:371) avait reconnu qu’ils partageaient toute une gamme de particularités linguistiques avec les Pygmées de l’Ituri. Kilian-Hatz (2019) a publié une étude par laquelle elle s’est efforcée sur la base du vocabulaire, des correspondances phonétiques et de l’art oral de démontrer qu’il existe un lien entre les Pygmées Bambuti et les Bambenga de l’Ubangi. Demolin (2021:39) a tout récemment rappelé les similitudes entre la musique des Efe et celle des Jɔ̌fɛ́ de la haute Tshuapa.
Motingea (2020, 2021b) est convaincu pour sa part que tout aspect linguistique qui se dérobe de l’évolution normale dans les langues bantoues du Bassin Central Congolais actuelle pourrait être imputé aux contacts anciens avec des Chasseurs-Cueilleurs.
<7>
Nous remercions sincèrement Mr Dominique Banotanea du Centre Interconfessionnel de Traduction de la Bible et d’Alphabétisation (CITBA) Isiro de nous avoir aidés en saisissant ces données à l’ordinateur.
|
<8>
Il existe en letakpú 7 voyelles : i e ɛ a ɔ o u, comme en parlers ɓóa C44. Leur réalisation serait [i ɪ ɛ a ɔ ʊ u]. On trouve, en effet, dans les notes la voyelle [–ATR] ɪ avec des hésitations dans la notation ; son pendant ʊ n’y apparaît pas.
(1) |
mɪ |
~ |
me |
~ |
mɛ |
‘moi’ |
mbe |
~ |
mbɪ |
‘vêtements’ |
<9>
Il est difficile face à l’étroitesse des données de poser le système harmonique [±ATR] attestée dans les langues du groupe D30.
L’existence d’un tel système est tout de même manifeste, du moins diachroniquement, par le passage des préfixes cl.1 *a-, cl.2 *ba-, cl.6 *ma-, 1sg et la préposition directionnelle et/ou comitatif *na- à o- (2a), ɓo- (2b), mo- (2c), no- (2d), respectivement. Ce passage relève pourtant du phénomène de paradigm leveling, c’est-à-dire un procédé par élimination des formes à voyelle a. La voyelle a des particules (interrogatif et comitatif) n’a pourtant pas été affectée par ce changement (2e).
(2) |
a. |
óhúwági noka |
||||||||
ó-húw-ág-H̥i |
noka |
|||||||||
s3sg-arriver-pf-vf |
village |
|||||||||
‘Il arrive à la maison.’ |
||||||||||
b. |
ɓotó ɓó nóbibi ɓolulutáli |
|||||||||
ɓo-tó |
ɓó |
nó-bibi |
ɓolulutáli |
|||||||
2-personne |
2:con |
loc-mauvais |
agents.de.l’État |
|||||||
‘Les mauvais agents de l’Etat’ |
||||||||||
ndó ɓólisiyá nokaye wósu ɓɛ |
||||||||||
ndó |
ɓó-li-siy-á |
nokaye |
wósu |
ɓɛ |
||||||
idt |
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
17:poss.1pl |
foc |
||||||
‘c’est eux qui viennent effectivement d’arriver chez nous.’ |
||||||||||
ɓosili nokayɛ |
||||||||||
ɓo-sil-i |
nokayɛ |
|||||||||
s3pl-arriver-vf |
village |
|||||||||
‘Ils viennent d’arriver.’ |
||||||||||
c. |
mo-kíla |
‘vin’ |
||||||||
d. |
no-sa=tó |
‘Oui, je mange.’ |
||||||||
no-ba=t |
‘Je sais.’ |
|||||||||
noka |
‘(au) village’ |
|||||||||
nolɛ |
‘(par) terre’ |
|||||||||
Cependant : |
||||||||||
(e) |
lombolo na ? |
‘quelle nouvelle ?’ |
||||||||
na mósi |
‘avec des ?menottes’ Idem Ngɔmbɛ mbɔ́ti’ (Rood 1958:259) ? |
|||||||||
na lomba |
‘avec des biens, de l’argent’ |
|||||||||
ná (T) ɓotó ɓósu |
‘à nos gens’ |
<10>
[D]
Observations :
-
absence des pré-nasalisées sourdes, comme dans d’autres langues bantoues du Nord-Ouest Kerremans (1980) ;
-
coexistence d’une série d’occlusives explosives voisées avec les implosives ;
-
absence de la nasale palatale,
-
attestation de la consonne r, comme e. a. en bangála (Edema, 1994), en lekangó (Kinnerson-Harvey 1997) ; qui se serait plus exactement une frappée [ɽ], comme en yasanyama (Motingea 2019a:254–255), en soa-sɔkɔ́ (Motingea 2012:19) et en divers parlers du groupe Chaga-Kilimanjaro E.60 (Philippson & Montlahuc 2003:470).
<11>
La notation n’ayant pas été assez rigoureuse (3a), il n’est pas possible de traiter du système tonologique. Ces inconsistances sont occasionnellement indiquées par le symbole (T). On peut tout même retenir provisoirement qu’il y a deux registres : bas et haut ; aucun ton complexe n’a été observé. Il y a des exemples au narratif passé qui suggèrent l’existence du ton haut mélodique (3b), opérationnel dans la majorité des langues du bloc ’Bóa (De Wit 2015:149–150, Motingea 2020).
(3) |
a. |
lombolo/lomboló |
‘affaire, nouvelle’ |
|
motó mónganga/móngánga |
‘les personnes qui arrêtent’ |
|||
ɓɛ/ɓɛ́) |
(Focaliseur) |
|||
b. |
mohónzi óhúwági |
‘le chef est arrivé’ |
||
mo-hónzi |
húw-ag+H̥i |
|||
1-chef |
s3sg-arriver-pf-vf |
<12>
Les locuteurs du letakpú ne maîtrisent pas le système de préfixes et d’accords bantou (4a), comme les Batóá du Bassin central congolais (Motingea 2021a:139). Le phénomène est d’ailleurs observable chez toutes les populations des Uélé dans leur usage du bangála (4b).
(4) |
a. |
otó motiyo mɛ |
|||
o-tó |
mo-(ó)t-i-yo |
mɛ |
|||
1-personne |
srel.1-engendrer-vf -rel |
moi |
|||
‘Quelqu’un qui m’a enfanté/les parents.’ |
|||||
motó mónganga ɓotó |
|||||
mo-tó |
mó-ngang-a |
ɓo-tó |
|||
2-personne |
srel.2-arrêter-vf |
personnes |
|||
‘Les personnes qui arrêtent les gens.’ |
|||||
ndí óhúwági nókaye ɓɛ |
|||||
ndí |
ó-húw-ag+H̥i |
nókaye |
ɓɛ |
||
idt |
s3sg-arriver-pf-vf |
au.village |
foc |
||
‘c’est eux qui sont arrivés à la maison.’ |
(4) |
Bangála (Edema 1994:31, 36, 72) |
||||||||
b. |
ɓamutɔ́tɔ na mukárí aɓɛ́taka bílɛ tɛ́ [p.31] |
||||||||
-tɔ́tɔ |
na |
mu-kárí |
a-ɓɛ́t-ak+a |
bílɛ |
tɛ́ |
||||
2+1-enfant |
de |
1-femme |
s3sg-frapper-pf-vf |
billes |
neg |
||||
‘Les petites filles ne jouent pas aux billes.’ |
|||||||||
Pourquoi n'y a-t-il aucune explication, aucun commentaire concernant la présence de deux préfixes, dont l'un au singulier et le deuxième au pluriel ? |
|||||||||
sɔ́kɔ́ yɔ́ aébí mayɛ́lɛ na kulámba ɓilɔ́kɔ alimání míngi, |
|||||||||
sɔ́kɔ́ |
yɔ́ |
a-éb-í |
mayɛ́lɛ |
na |
kulámba |
||||
si |
toi |
s3sg-savoir-vf |
sagesse |
de |
cuisiner |
||||
ɓi-lɔ́kɔ |
a-liman+í |
míngi |
|||||||
8-chose |
s3sg-goûter-fv |
beaucoup |
|||||||
‘si tu connais une recette excellente’ |
|||||||||
oébísí na Ngɔnga na ɓísú [p.36] |
|||||||||
o-éb-is+í |
na |
Ngɔnga.na.ɓísú |
|||||||
s2sg-savoir-caus-vf |
à |
np |
|||||||
‘écris au [journal] Ngɔnga ɓísú.’ |
|||||||||
yé |
a-pasɔl+ak+í |
ma-ɓɔ́kɔ |
na |
mánga [p.72] |
|||||
elle |
s3sg-déchirer-pf-vf |
6-bras |
de |
mangier |
|||||
‘elle [la foudre] a arraché une branche de manguier […]’ |
Sauf la première, les deux autres phrases sélectionnées ici avaient été extraites du journal Ngɔnga na bisu, un mensuel qui était publié par le Vicariat Apostolique de Niangara.
Les morphèmes post-verbales sont parfois séparés par "-" et parfois par "+" (Dans l'exemple précédent marqué en bleu). Qu'est-ce qui explique cette différenciation?
<13>
Selon l’opposition de singulier à pluriel les substantifs peuvent être rangés en genres ci-après :
Genre o-, mo- / ɓa-, ɓo-/mo- cl.1 / 2 |
||
(5) |
o-ká |
‘femme’ |
o-kɔ |
‘frère’ |
|
O-mba |
‘Dieu’ |
|
o-mí |
‘enfant’ |
|
o-hónzi |
‘chef’ |
|
o-gambala |
‘soldats’ |
|
o-tó / ɓo-tó/mo-tó |
‘personne(s)’ |
|
mo-hód-i |
‘visiteur’ |
|
ɓo-lulutáli |
‘agents de l’État’a |
|
ɓa-bulamatáli |
‘agents de l’État’b |
L’exemple (6) suivant illustre la confusion en classe 2 de la forme ɓo- avec mo-.
(6) |
motó mónganga ɓotó |
||
mo-tó |
mó-ngang-a |
ɓo-tó |
|
2-personne |
2-arrêter-vf |
2-personne |
|
‘Les personnes qui arrêtent les gens’ |
Le phénomène rappelle la confusion en classe 2 de la forme ba- avec ma- qu’on constate chez les Batóá des Mɔ́ngɔ et des Ekonda (Hulstaert 1948:24, Motingea 2010:206, 219–220).
Genre o- / mo- cl.3 / 4 |
||
(7) |
o-kɔmé |
‘appel’ |
o-toté |
‘poissons’ (sg ?) |
|
o-tete / mo-tete |
‘boisson(s)’ |
Peut-être s’agit-il dans mo-tete d’un substantif de cl. 6 : *ma- > mo.
Genre li-, Ø (< *i-) / mo - ? cl.5 / 6 |
||
(8) |
so < *iso |
‘œil’ |
l-ondɔ |
‘banane plantain’ < *li-kɔndɔ C.S.1146 |
|
ɗo(n)go < *i-toko |
‘palmier’, |
Le passage de *i-[C–Voisée] à -[C+Voisée] est un changement régulier en parlers pygmies, comme l'indiquent les exemples listés sous (9).
(9) |
a. |
Aká A (Thomas & Bahuchet 1991:83) |
|
bombé / ma.pombé |
‘Strychnos aculeata’ |
||
donga / ma.tonga |
‘hutte double’ |
||
gongo / ma.kongo |
‘chenille comestible’ |
||
b. |
Aká B (Duke 2001:67, 67) |
||
*i-tádì > dádi |
‘pierre’ |
||
*i-kànɔ̀ > gànɔ̀ |
‘conte’ |
||
*i-pìtá > bìtá |
‘guerre’ |
||
c. |
Mbenga (Gardner 2006:74, 76) |
||
°i-kɔ̀ŋgɔ́ > gɔŋgo |
‘lance’ |
||
°i-kɛ̀í > gɛi |
‘œuf’ |
||
i-támbí > dambi |
‘pied’ |
||
Genre te- / ɓe- ? cl.7 / 8 |
||||
(10) |
te |
‘chose’ |
||
(11) |
lo-mboló |
‘nouveau / nouvelle’ |
||
lo-mba |
‘argent’ |
|||
lo-ta |
‘parole’ < *-tá C.S.1633 |
|||
lo-ya |
1. ‘eau’, 2. ‘vin’ |
|||
Ꞥ- / Ꞥ- cl.9 / 10 |
||||
(12) |
m-bɪ |
‘vêtements’ |
||
Genre Ø- / ɓo- ? cl.9a / 2 |
||||
(13) |
bití |
‘jour’ |
||
lamodi |
‘vagin’ |
|||
lomba |
‘chose, bien’ |
|||
pɛpɛrno |
‘pénis’a |
|||
reyɔ́ |
‘pénis’b |
|||
tɔpɪ |
‘baguette’ |
|||
ɓo-da |
‘bourses (testicules)’ |
|||
Substantifs locatifs : no-, na- dans un seul exemple. |
||||
(14) |
a. |
noka(yɛ) |
1. ‘(au) village’, 2. noka ‘en bas’ < *-kááya 9a C.S.1020 |
|
no(n)go |
‘(au) cou’ |
|||
nomba |
‘(en) forêt’ |
|||
nolɛ |
‘(par) terre’, C.50 ɲɛlɛ (Motingea 2012:253) |
|||
nokɔ |
‘(dans la bouche’ |
|||
nosɔ |
‘(à, dans) l’œil’ |
|||
b. |
nalóló |
‘en haut’ |
||
Aka (Thomas & Bahuchet 1991:103) |
||||
(15) |
a. |
nà-mo.mbéngó |
‘au matin’ |
|
nà-yíkùà |
‘dans le panier’ |
|||
nà-kɛ́lɛ̀ |
‘demain’ |
|||
Lebeo-Ngelema (Gérard 1924:16, 19) |
||||
b. |
na ngbale |
‘vers la maison’ |
||
na ngbale n-anja |
‘vers une belle maison’ |
|||
"n-" est un nasale préfixe, Ꞥ ? |
||||
Genre te- / ɓe- ? cl.7 / 8 |
||||
(16) |
te |
‘chose’ |
||
Genre lo- / Ꞥ- cl.11 / 10 |
||||
(17) |
lo-mboló |
‘nouveau / nouvelle’ |
||
lo-mba |
‘argent’ |
|||
lo-ta |
‘parole’ < *-tá C.S.1633 |
|||
lo-ya |
1. ‘eau’, 2. ‘vin’ |
|||
Ꞥ- / Ꞥ- cl.9 / 10 |
||||
(18) |
m-bɪ |
‘vêtements’ |
||
Genre Ø- / ɓo- ? cl.9a / 2 |
||||
(19) |
bití |
‘jour’ |
||
lamodi |
‘vagin’ |
|||
lomba |
‘chose, bien’ |
|||
pɛpɛrno |
‘pénis’a |
|||
reyɔ́ |
‘pénis’b |
|||
tɔpɪ |
‘baguette’ |
|||
ɓo-da |
‘bourses (testicules)’ |
|||
Substantifs locatifs : no-, na- dans un seul exemple. |
||||
(20) |
a. |
noka(yɛ) |
1. ‘(au) village’, 2. noka ‘en bas’ < *-kááya 9a C.S.1020 |
|
no(n)go |
‘(au) cou’ |
|||
nomba |
‘(en) forêt’ |
|||
nolɛ |
‘(par) terre’, C.50 ɲɛlɛ (Motingea 2012:253) |
|||
nokɔ |
‘(dans)?? la bouche’ |
|||
nosɔ |
‘(à, dans) l’œil’ |
|||
b. |
nalóló |
‘en haut’ |
||
(21) |
a. |
Aka (Thomas & Bahuchet 1991:103) |
||
nà-mo.mbéngó |
‘au matin’ |
|||
nà-yíkùà |
‘dans le panier’ |
|||
nà-kɛ́lɛ̀ |
‘demain’ |
|||
b. |
Lebeo-Ngelema (Gérard 1924:16, 19) |
|||
na ngbale |
‘vers la maison’ |
|||
na ngbale n-anja |
‘vers une belle maison’ |
<14>
Il se pourrait que la préposition lexicalisée no provienne de *na directionnel, qui aurait été à son tour emprunté à quelque langue oubanguiennes (Güldemann & Winkhart 2020).
Dans certaines langues de zone C, ná/lá directionnel coexiste avec le comitatif nà/là . Mɔ́ngɔ C.61 (De Rop 1958:87): la ‘avec, par, à cause de, au moyen de’, lá, ‘par’ (voie). Dɔ́kɔ-Bwela C.42 (Twilinginyimana 1984:77): « na ‘et, avec, à’ régit un complément d’objet indirect et coordonne les substantifs. … La préposition ná ‘dans’ a un sens locatif. »
Cependant, dans presque tous les parlers riverains C.20-30 nà s’emploie aussi comme une préposition de temps, comme en anglais by + expression de temps: “not later than” or “before or at a particular time: by tomorrow, by next week, by + day of the week, by + month of the year, by + date, by 9 o’clock, by 7 pm” ( https://www.crownacademyenglish.com/preposition-by-meaning-use/).
(22) |
a. |
Mbonji (Motingea 1990:160) |
|
na mói |
‘pendant le jour’ |
||
na muméngú |
‘le matin’ |
||
b. |
Mampoko (Motingea 2008:95) |
||
na ntɔngɔ |
‘dans la matinée’ |
||
na mokɔlɔ |
‘dans la soirée’ |
||
c. |
Mbenga (Motingea & Bonzoi 2008:74) |
||
na kyá |
‘pendant la nuit, dans l’obscurité’ |
||
na mikélo |
‘dans la matinée’ |
||
d. |
Mpundzá (Motingea 1996a:226) |
||
na lokutu |
‘au matin’ |
<15>
La transformation de l’instrumental/comitatif nà en locatif, opérée elle aussi selon un modèle proche de l’anglais (by + place ‘beside’ / ‘at the side of’ / ‘next to’), s’observe dans quelques autres langues du domaine.
(23) |
a. |
Mampoko (Motingea 2008:95) |
|
na mboka onyi |
‘en ce village ici’ |
||
b. |
Mabale (Motingea 1996b:255) |
||
Nkumba a-kuk-í na mái |
‘Tortue s’enfuit dans l’eau.’ |
||
na na lelá mojika Nkɔi |
‘Je suis en train de pleurer oncle Léopard.’ |
||
c. |
Motɛ́mbɔ́ de la Mongala (Motingea et al. 2020) |
||
ɓakɛ̂í n’etûmba |
‘ils vont à la guerre’ |
||
n’okônda |
‘en forêt’ |
||
n’èmbóká |
‘au village’ |
||
n’épálí |
‘au campement’ |
||
Monoclasse |
|||
(24) |
mo-kíla |
‘vin’ |
|
o-bíbi |
‘mal’ |
||
o-la |
‘fuite, course’ |
||
tónga |
‘force’ |
<16>
DEMONSTRATIF
Nous n’avons dans les notes que -ɔ illustré par les exemples listés (19) et posé à la lumière d’autres parlers ɓóa (Gérard 1924:33, 1998:66; Motingea 2005:59, De Wit 2015:250).
(25) |
tɔ́ te tɔ́ |
‘cette chose’ |
tɔ < te-ɔ |
‘ça’ |
<17>
POSSESSIFS
Les exemples dans les notes ne renseignent que sur la 1ère personne Singulier et Pluriel (20a) ; pour les autres personnes on s’attendrait à obtenir la forme pour la 3ème personne Pluriel à partir du couple d’exemples (20b), mais ni la méthode distributionnelle ni l’analyse interlinéaire ne peuvent y apporter solution (20c).
(26) |
a. |
okɔ.mɪ |
‘mon frère’ |
|||
mohónzi mósu |
‘nôtre chef’ |
|||||
ɓotó ɓósu |
‘nos gens’ |
|||||
noka wósu |
‘notre village’ |
|||||
noka(ye) wósu |
‘chez nous’ |
|||||
b. |
obá=ti yo nóso |
‘Regardez mes yeux !’ |
||||
o-e-bá-á=ti |
yo |
nóso |
||||
s2sg-o1sg-regarder-vf=voc |
loc? |
yeux |
||||
obá=ti mi yo nóso |
‘Regardez leurs yeux !’ |
|||||
o-bá-á=ti |
mi |
yo |
nóso |
|||
s2sg-regarder-vf=voc |
moi |
loc? |
yeux |
<18>
CONNECTIF
Le connectif est normalement zéro (21a) ; nous avons un exemple peu évident où le substantif a un préfixe mo- et l’accord connectif est réglé en classe 7. Cela peut être considéré comme acceptable si mo- est un préfixe additif comme il se dégage de l’analyse tentée sous (21b).
(27) |
a. |
ɓotó noka |
‘gens du village’ |
|||
mokíla ɗogo |
‘vin de raphia’ |
|||||
b. |
motete ta mokíla ɗongó |
‘boisson de vin de raphia’ |
||||
mo-te-ete |
te-a |
mokíla |
ɗongó |
|||
6-7-?boisson |
7-con |
vin |
raphia |
Il doit s’agir simplement d’un accord aberrant, car l’hypothèse d’une addition de préfixe tiendrait plutôt avec la forme alternative o-tete : mo-o-tete (6+3).
<19>
NUMERAUX
Deux nombres seulement se trouvent dans les notes : ‘cinq’ -ta < *-ta ́á no C.S.1662 et ‘dix’ lózu.
(28) |
lomba leta |
‘cinq (choses)’ |
lomba lózu |
‘dix (choses)’ |
<20>
ADJECTIFS
Les notes fournissent des exemples où l’on peut observer la structure PA-thème (23a), tout comme le recours à la relativisation (23b) et à la juxtaposition (23c) ; tandis qu’en citation on peut noter la présence du morphème locatif no (23d).
(29) |
a. |
o-tó mo-bɛ́/móbibi (T) |
1 |
‘mauvaise personne’ |
o-tó m-omu [3] |
1 |
‘bonne personne’ |
||
ótoté mo-ɗɪ-ɗɪ |
6+3 ? [4] |
‘les petits poissons’ |
que signifie "6+3 ?"
Cette dernière racine semble être la même que celle qu’on trouve en tunen A44 : -tɛ́!tɛ́ (Mous 2003:302), -tétē (Atindogbe & Dissake 2019:32), pour autant que d ~ t est régulier dans les dialectes des Bakangó (Kinnerson-Harvey 1997): da ~ ta ‘faire’.
(30) |
b. |
l-ondɔ ló-pey-á |
5 |
‘banane plantain bien mûre’ |
|
otó mo-tí |
1 |
‘un mort’ |
|||
ɓotó ɓo-ti |
2 |
‘des morts’ |
|||
c. |
otete tónga |
‘boisson force/forte’ |
|||
d. |
nɔ-kɛ́ |
‘un peu’ < *-kɛ́ ‘petit’ C.S.1020 |
|||
nó-bí-bi |
‘mauvais’ pl |
<21>
Il est intéressant de se rendre compte que cette dernière stratégie de qualification par un syntagme prépositionnel à na (à ton contrastif) est attestée en parler des chasseurs-cueilleurs Bakoya du Gabon. Le syntagme est traduisible aussi bien par un adjectif que par un substantif de qualité (Medjo Mvé 2011:94).
(31) |
ná èkwà èkwà |
‘léger, légerté’ |
nà gwíì |
‘silence, silencieux’ |
|
ná gyòmè gyòmè |
‘sec, sécheresse’ |
nà yɔ́ɔ̀ |
‘couleur noire’ |
||
ná kàsì kàsì |
‘mince, minceur’ |
nà sɛ̀bù sɛ̀bù |
‘nausée, nauséabond’ |
<22>
Les notes n’en donnent que pour les personnes ci-après : 1SG, 1PL et 2SG.
Est-ce que "2SG" est correcte?
Tableau 2. Pronoms personnels letakpú |
||
SG |
PL |
|
1ère |
mɪ, mɛ, me |
só |
2ème |
wɪ |
? |
(32) |
otó motiyo mɛ |
‘quelqu’un qui m’a enfanté’ |
|||
mɪ noba tó no bɛ́ |
‘Moi, je sais ce problème.’ |
||||
esá me nokɛ |
‘Donnez-moi un peu !’ |
||||
Ø-e-sá-á |
me |
nokɛ |
|||
s2sg-o1sg-donner-vf |
moi |
un.peu |
|||
wɪ otó móbibi |
‘Tu es un mauvais.’ |
||||
wɪ |
Ø |
o-tó |
mó-bibi |
||
toi |
cop |
1-personne |
1-mauvais |
||
lo-mbolo |
só |
ló-to-sél-ag-H̥a |
‘les nouvelles dont nous parlons’ |
||
11-affaire |
nous |
orel.hab-parler-pf-vf |
|||
Le 3ème exemple montre l’emploi redondant du préfixe objet, un phénomène régulier dans les langues du bloc ’Bóa (Motingea 2005:78), qui est cependant aussi attesté quelques langues de la courbe du Fleuve (Motingea 1995b:31) et celles de la Ngiri-Ubangi (Motingea 1996a:239).
<23>
Copule : -kí (26b) ou Ø (24b).
(33) |
a. |
o-kí |
‘être’ |
||
loya okí nokɛ |
‘Le vin est fort.’ |
||||
lo-ya |
lo-kí |
nokɛ |
|||
11-eau |
S.11-cop |
?fort/piquant |
Cette forme de la copule rappelle le lika D.201 et le pɔtɔ́-losɛ́ngɔ C.36 qui ont -iki (De Wit 2015:338; Motingea et al. 2020).
(34) |
b. |
wɪ otó móbibi |
‘Tu es un mauvais.’ |
|||
wɪ |
Ø |
o-tó |
mó-bibi |
|||
toi |
cop |
1-personne |
1-mauvais |
Une autre forme de la copule à poser est -li ‘être, demeurer, s’asseoir’ qui existe comme telle en leɓóale et qui y est attestée – comme ici – comme marque du passé.
(35) |
tólisí |
‘Nous sommes partis/partons/allons-y !/que nous partions !’ |
tó-li-sá-í |
||
s3pl-pas-partir-vf |
<24>
INFINITIFS
On trouve dans le document des items traduits comme des infinitifs qui ne sont pas clairs. En dehors d’un exemple avec o- (28a), forme répandue en parlers pygmées (Bola 2020, Mvé 2011:145–146), on en trouve avec un « préfixe » nasal (28b) et d’autres encore qui semblent plutôt être des formes verbales conjuguées (28c).
(36) |
a. |
o-sɛ |
‘manger’ |
b. |
mbiná |
‘être en érection’ (pénis) |
|
mbená |
‘mourir’ |
||
noma |
‘répliquer à un appel’ |
||
c. |
tóté noka |
‘aller à la maison’ = ‘nous allons à la maison’ ? |
|
tosɪ |
‘partir’ = ‘que nous partions’ ? |
||
tosɛ |
‘donner’ = to-sɛ ‘donne-nous !’ ? |
<25>
Il est possible que l’infinitif à nasale soit à proprement parler un gérondif. Il convient tout de même de noter que cette forme fonctionne aussi comme un vrai infinitif muni de la marque -á- chez les Batswá (Hulstaert 1948:27).
(37) |
njálela < Ꞥ-á-lel-a |
‘pleurer’ |
nják ɔta < Ꞥ-á-kɔt-a |
‘couper’ |
(38) |
GERONDIF : suffixe -(ag)ɛ. |
|
ɗéy-ɛ |
‘couper’ |
|
ong-ís-ɛ |
‘arranger’ |
|
tiy-ág-ɛ |
‘couvrir’ |
|
huw-ag-ɛ |
‘arriver’ |
|
sél-á(n)g-ɛ |
‘parler’ |
<26>
Ainsi que l’indique le Tableau 3, les préfixes de la 1sg, 3sg et 3pl ont une voyelle o, ce qui est sans doute le produit d’un nivelage de paradigmes des allomorphes harmoniques [± ATR] qui fonctionnent ailleurs dans le domaine (Kutsch Lojenga 1994, 2003:467; De Wit 2015:298).
Tableau 3. Préfixes verbaux |
||
SG |
PL |
|
1ère |
no-, te- (neg) |
to- |
2ème |
o- |
? |
3ème |
o- (T), mó- (rel) |
ɓo- |
(39) |
a. |
nóɓa=tó < no-éɓ-a=tó |
‘Je (le) sais.’ |
|||
nosa=tó (T) |
‘Je mange.’ |
|||||
b. |
me tóbi < té-éb-i |
‘Je ne sais pas.’ |
||||
c. |
tólisí |
‘Nous sommes partis/partons/allons-y !’ |
||||
tó-li-sá-í |
||||||
s1pl-pas-partir-vf |
||||||
(40) |
a. |
obató no ɓɛ́ ? |
||||
o-(e)b-a=tó |
no |
ɓɛ́ |
‘Connais-tu ?’ |
|||
s2sg-savoir-vf=evid |
supp |
foc |
||||
b. |
mohónzi óhúwági nosu |
‘Le chef vient/est venu chez nous’ |
||||
mo-hónzi |
ó-húw-ag+H̥i |
nous |
||||
1-chef |
s3sg-arriver-pf-vf |
à.nous |
||||
c. |
motó mónganga ɓotó |
‘Les personnes qui arrêtent les gens’. |
||||
mo-tó |
mó-ngang-a |
ɓotó |
||||
2-personne |
srel.2-arrêter-vf |
personnes |
||||
otó mótówasé ɓotó nolɛ́ |
‘une personne qui tue les gens sur terre’ |
|||||
o-tó |
mó-tó-ówas+H̥e |
ɓotó |
nolɛ́ |
|||
1-homme |
srel:3sg-hab-tuer-vf |
personnes |
sur.terre |
|||
otó mótiyo mɪ ɓɛ, |
‘la personne qui m’a bel et bien engendré/mes parents’ |
|||||
o-tó |
mó-ót-i=yo |
mɪ |
ɓɛ |
|||
1-personne |
srel.1-engendrer-vf-rel |
moi |
foc |
|||
d. |
ɓólisiyá nokaye |
‘Ils viennent d’arriver chez nous.’ |
||||
ɓó-li-sil-á |
nokaye |
|||||
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
|||||
<27>
Il est intéressant de se rendre compte que le préfixe o- à la 3sg est aussi attesté chez les Batswá des Lacs Equatoriaux (33a). Il s’agit donc d’une rétention proto-bantoue *ó-/a- à l’optatif et formes similaires (Meeussen 1967:98, Schadeberg 2003:151). Le PV 3sg ó- n’est pas attesté en langues ɓóa, mais il se rencontre dans les langues bantoues des groupes D10 et D20 (33b) et avec un morphotonème bas dans les langues bantoues de zone L [5].
(41) |
a. |
Lɔtswá d’Inongo (Motingea 2010) |
|||
ong’oyala monene [214] |
|||||
o-nga |
o-yal-a |
mo-nene |
‘il sera grand’ |
||
3sg-fut |
inf-être-vf |
1-grand |
|||
o-bo-i [216] |
‘Il a refusé.’ |
||||
b. |
Lengola D12 (Stappers 1971) |
||||
otúmúe [289] |
‘Tu enverras.’ |
||||
olimíe [292] |
‘Tu cultiveras.’ |
||||
ólimíe |
‘Il cultivera.’ |
||||
LES DEUX FORMES sont identiques |
|||||
c. |
Binja-Sud D26 (Motingea 1996c) |
||||
òbée [120] |
‘Tu étais.’ |
||||
ótongonda [114] |
‘Il m’aime.’ |
||||
ó-to-Ꞥ-kond-a |
|||||
s2sg-pres-o1sg-aimer-vf |
|||||
ó-to-émok-a |
‘Il est fâché.’ |
<28>
(42) |
-CVC- : |
|
-ngang- |
‘arrêter’ < *gang- ‘tie up’ C.S.785 |
|
-ɗéy- |
‘couper’ |
|
-hód/l- |
‘?voyager’ |
|
-húw- |
‘venir, arrivera’ |
|
-ngís- |
‘arranger’ |
|
-tiy- |
‘couvrir’ |
|
-sil-/siy- |
‘arriver’b, Lika : -sil-a (De Wit 2015:538) |
|
-pan- |
‘montrer, exhiber’, Kangó : panã ‘to show’ (Kinnerson-Harvey 1997:124) |
|
(43) |
-CV- : |
|
-sa- |
‘manger’; Aka : -zá (Thomas & Bahuchet 1991:126) |
|
-tá/-sá |
‘aller, partir’ |
|
-bá- |
‘regarder’, idem Mɔ́ngɔ -bal-a (Hulstaert 1957:54)? |
|
"idem" au lieu d' "Idem" ?? |
||
(44) |
-(V)C- : |
|
-(é)b- |
‘savoir’ |
|
-(ó)t- |
‘engendrer’ |
|
-(e)sa- |
‘donner’ |
|
-ów-as- |
‘tuer’, Ngɔmbɛ -ów- (Rood, 1958:356), Kango -ɔ̄lā (Kinnerson-Harvey 1997:124) |
Une illustration de *(y)VC > C se trouve dans Thomas & Bahuchet (1991:55): -k-á < *-yóg- C.S.2152.
La seule marque temporelle attestée est -li- (T) (passé récent) (37a) ; on peut y ajouter l’habituel -to- [6] (37b).
(45) |
a. |
olísiya pá na lomba ! |
||||
o-lí-sil-a |
pá |
na |
lomba |
‘Tu es arrivé avec des choses/que tu es devenu riche !’ (Ironie) |
||
s2sg- pas-arriver-vf |
rstr |
com |
argent |
= ‘Tu es avare/tu ne partages jamais.’ |
||
ɓólisiyá nokaye |
‘Ils viennent d’arriver chez nous.’ |
|||||
ɓó-li-sil-á |
nokaye |
|||||
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
|||||
b. |
otó mótówasé ɓotó |
‘une personne qui tue les gens’ |
||||
o-tó |
mó-tó-ówas-é |
ɓotó |
||||
1-homme |
srel:3sg-hab-tuer-vf |
personnes |
La conjugaison est donc surtout aspectuelle. On observe, en effet, dans le petit corpus une gamme de « particules aspectuelles » ‘qui rappellent le béo-ngeléma (Gérard 1924:43–51), le pákábéte (Motingea 1995a:221–222, Reeder 1998:47–51), le lika (De Wit 2015) et l’aka (Thomas & Bahuchet 1991:43–52).
Focaliseur ɓɛ/ɓɛ́ : cette particule est abondamment employée dans le document. Il peut être considéré comme un véritable tic de langage. Il est possible que provienne du quotatif ɓɪ ́ qu’on trouve dans certains parlers du domaine (38b, 38c).
(46) |
a. |
otó mótiyo mɪ ɓɛ |
|||
o-tó |
mó-ót-i=yo |
mɪ |
ɓɛ |
||
1-personne |
srel.1-engendrer-vf-rel |
moi |
foc |
||
‘la personne qui m’a engendré/mes parents’ |
|||||
b. |
Lika D.201 (De Wit 2015:345) |
||||
a-ɓɪlɪ́ |
ã́-!ɓɪ́ky-a |
ɓɛ́ |
ó-kúmb-í |
||
1b-demon |
3sgp:o-tell-fv |
comp |
3sg-carry-fv.subj |
||
‘Demon told him that he should carry [it] on his back.’ |
|||||
Quelle est la signification de SGP, dans vos corrections SGP |
|||||
Ngɔmbɛ C.41 (Rood 1958:11) |
|||||
c. |
bǎbalá ɓɛ̂ |
‘ils dirent: “…”.’ |
Evidentiel to:
(47) |
o-sá=to |
‘Manges-tu ?’ |
o-sá-á=to |
||
s2sg-manger-vf=evid |
||
no-sa=tó (T) |
‘Oui, je mange.’ |
|
oba=tó ? |
‘Sais-tu ?’ |
|
noba=tó |
‘Je sais.’ |
Cet enclitique est abordé différemment par les auteurs. D’après Gérard (1924:45), to « exprime une certaine durée ; que l’action se fait ou s’est faite ou se fera d’une manière non passagère » ; d’où notre traitement de ce morphème comme une marque du parfait (Motingea 2005:87). Reeder (1998:97), quant à elle, attribue à cette particule une valeur cohésive et temporelle. De Wit 2015:336–338) lui donne, quant à lui, une valeur d’insistance.
Supplicatif lo : |
|||||
(48) |
tosɛ́ lo me londɔ |
||||
Ø-tos-ɛ́ |
lo |
me |
londɔ |
‘Donne-moi une banane plantain !’ |
|
s2sg-donner-vf |
supp |
moi |
plantain |
Accompli no : |
||||
(49) |
okóbɛ no bɛ́ ? (lombolo) |
‘les saviez-vous/le savais-tu ?’ (le problème) |
||
o-kó-(e)b-ɛ |
no |
bɛ́ |
||
s2sg-pres-savoir-vf |
acc |
foc |
||
Virtuel ró : |
||||||
(50) |
ɔ́ bití mɪ ró mbená |
‘Quand je mourrai.’ |
||||
ɔ́ |
bití |
mɪ |
ró |
mbená |
||
loc? |
jour |
moi |
virt |
mourir |
Pour Gérard (1924:46), ce suffixe donne au verbe le sens du futur indéterminé : « l’action sera faite ou ne pas faite, pas maintenant mais après ».
Identificationnel ndɪ ́/ndó : nd Í/ndó :
(51) |
motó mónganga ɓotó |
‘Les personnes qui arrêtent les gens’ |
||||
ndí óhúwági nókaye ɓɛ |
‘(ils) sont arrivés dans la maison’ = ‘(il/on) est arrivé dans la maison ?’ |
|||||
ndí |
ó-húw-ag+H̥i |
nókaye |
ɓɛ |
|||
idt |
s3sg-venir-pf -vf |
village |
foc |
|||
ɓotó ɓó nóbibi ɓolulutáli |
‘Les mauvais agents de l’Etat’ |
|||||
ndó ɓólisiyá nokaye wósu ɓɛ |
‘c’est eux qui viennent effectivement d’arriver chez nous.’ |
|||||
ndó |
ɓó-li-siy-á |
nokaye |
wósu |
ɓɛ |
||
idt |
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
17:poss.1pl |
foc |
D’après Reeder (1998:49), “the identificational copula root has two basic forms: ndé, which translates ‘this is’, and ndí, which translates ‘that is’”. En bangála, tout comme en lingála, ndé/ndɔ́ est une particule multifonctionnelle : préposition, conjonction et adverbe ; dans le dernier cas elle est traduisible par ‘alors, donc’ ou par ‘cependant’ (Edema 1994:84–85).
Emphatique ke :
(52) |
osá ke me nokɛ |
|||
o-sá-á |
ke |
me |
nokɛ |
|
s2sg-donner-vf |
emph |
moi |
un.peu |
|
’ |
‘Donnez-moi un peu ! |
En aká ke signifie « (c’est) vraiment, assurément » (Bahuchet & Thomas 1991:46, 133). Cette dernière particule a donc plus ou moins la même valeur que ndé, mais s’en diffère par sa syntaxe : nde amɛ ‘c’est moi’ *amɛ nde ; amɛ ke ‘c’est vraiment moi’ *ke amɛ. En lingɔmbɛ l’enclitique ke fonctionne avec cette même valeur à l’optatif et l’impératif (Price 1947:66).
La combinaison de ces particules/adverbes aspectuels – qui rappelle les langues oubanguiennes – p. ex. en ngbaka (Motingea 1985, Henrix et al. 2007:97–106) – aboutit naturellement à une grande difficulté d’interprétation, surtout avec un corpus aussi maigre que celui dont nous disposons.
(53) |
lota lósu ɓɛ́ obató no ɓɛ́ ? |
|||||
lo-ta |
lósu |
ɓɛ́ |
o-(e)b-a=tó |
no |
ɓɛ́ |
|
11-parole |
11:poss.1pl |
foc |
s2sg-savoir-vf=evid |
supp |
foc |
|
‘Connais-tu le problème dont nous parlons ?’ |
A part le gérondif -(ag)ɛ (46a), on a le neutre -a (46b), le passé 2 et l’impératif -á (46c), l’antérieur -i (46d), l’optatif et négatif( ?) -é (46e).
(54) |
a. |
ɗéy-ɛ |
‘couper’ |
|
tiy-ág-ɛ |
‘couvrir’ |
|||
b. |
nob-a=tó |
‘Je sais.’ |
||
c. |
ɓólisiyá nokaye |
‘Ils viennent d’arriver chez nous.’ |
||
ɓó-li-sil-á |
nokaye |
|||
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
|||
sélángá=ti ! |
‘Dis/parle un peu !’ |
|||
Ø-séláng-á=ti |
||||
s2sg-parler-vf=voc |
||||
d. |
ɓosili nokayɛ |
‘Ils viennent d’arriver.’ |
||
ɓo-sil-i |
nokayɛ |
|||
s3pl-arriver-vf |
au.village |
|||
óhúwági |
‘Il est arrivé.’ |
|||
ó-húw-ag+H̥i |
||||
s3 sg-arriver-pf-vf |
||||
Le petit corpus ne contient aucun renseignement clair sur la négation, sauf pour le préfixe de la 1sg *ti- (47a) ; là où l’on s’attendrait à ká dans la prédication nominale on trouve ki (T), qui correspondrait plutôt à la copule affirmative.
(55) |
a. |
me tóbi < ti-eb-i |
‘Je ne sais pas.’ |
b. |
lomboló(T)=ki |
‘Pas de problème.’ |
Ainsi que nous avons pu l’indiquer dans les généralités, notre étude n’a été basée que sur des bouts de phrases isolées récoltées par un linguiste non professionnel, mais qui pour nous gardent toute leur valeur philologique. Cette étude constitue de toute façon un cri d’alarme sérieux lancé à l’endroit des linguistes africanistes par rapport à la situation des langues des Uélé et de l’Ituri en général.
Elle a porté sur une langue secrète quasiment éteinte qui aurait été d’emploi dans cette partie de l’Afrique subsaharienne abandonnée depuis aux ethnologues. Si la moisson y a été, en effet, abondante dans les domaines de l’anthropologie sociale et de l’ethnologie, elle est restée très maigre dans celui de la linguistique [7].
L’étude aurait été, en effet, plus étayée si nous avions disposé des données de description concernant au moins aussi bien un parler ɓóa des Bambesa que celui des pygmoïdes riverains Bakangó des rives de la Bomokandi et de l’Uélé.
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Appendice 1. PHRASES ET BOUTS DE PHRASES
(56) |
séláng-á=ti ! |
Ø-séláng-á=ti |
|
s2sg-parler-vf=voc |
|
‘Dis/parle un peu !’ |
(57) |
otó mótíyo mɛ |
|||
o-tó |
mó-(o)t-í-yo |
mɛ |
ɓɛ |
|
1-homme |
srel.1-engendrer-vf-rel |
moi |
foc |
|
‘Quelqu’un qui m’a enfanté/les parents.’ |
(58) |
mɪ noba tó no bɛ́ |
|||
mɪ |
no-eb-a=tó |
no |
bɛ́ |
|
moi |
s1sg-savoir-vf=evid |
acc |
foc |
|
‘Moi, je sais ce problème.’ |
(59 |
motó mónganga ɓotó na mósi ɓɛ |
|||||
mo-tó |
mó-ngang-a |
ɓotó |
na |
mósi |
ɓɛ |
|
2-personne |
srel.2-arrêter-vf |
personnes |
com |
?menottes |
foc |
|
‘Les personnes qui arrêtent les gens avec ?menottes. |
(60) |
ndí óhúwági nókaye ɓɛ |
|||
ndí |
ó-húw-ag+H̥i |
nókaye |
ɓɛ |
|
idt |
s3sg-arriver-pf-vf |
village |
foc |
|
‘(ils) sont arrivés dans la maison.’ |
(61) |
ɓotó ɓó nóbibi ɓolulutáli |
|||
ɓo-tó |
ɓó |
nóbibi |
ɓo-lulutáli |
|
2-personne |
con:2 |
mauvais |
2-agent.de.l’Etat |
|
‘Les mauvais agents de l’Etat’ |
(62) |
ndó ɓólisiyá nokaye wósu ɓɛ |
||||
ndó |
ɓó-li-siy-á |
nokaye |
wósu |
ɓɛ |
|
idt |
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
17:poss.1pl |
foc |
|
‘c’est eux qui viennent effectivement d’arriver chez nous.’ |
(63) |
ɓosili nokayɛ |
|
ɓo-sil-i |
nokayɛ |
|
s3pl-arriver-vf |
village |
|
‘Ils viennent d’arriver.’ |
(64) |
mohónzi mósu ndó óhúwági noka ɓɛ |
|||||
mo-hónzi |
mó-ósu |
ndó |
ó-húw-ag+H̥i |
noka |
ɓɛ |
|
1-chef |
1-poss:1pl |
idt |
s3sg-arriver-pf-vf |
au.village |
foc |
|
‘Notre chef vient d’arriver à la maison.’ |
(65) |
lombolo na mohónzi óhúwá!gí nosu |
||||
lo-mbolo |
na |
mo-hónzi |
ó-húw-ag+H̥i |
nosu |
|
nouvelle |
quelle |
1-chef |
s3sg-arriver-pf-vf |
à.nous |
|
‘Quelle nouvelle le chef vient/est venu nous amener ?’ |
(66) |
lombolo=ki, yokɔmɪ |
|
lombolo=ki |
yokɔ.mɪ |
|
affaire=neg |
frère:poss.1sg |
|
‘Pas de nouvelles, mon frère.’ |
(67) |
tosɛ́ lo me londɔ lópeyá nósé nokɔ : |
||||||
Ø-tos-ɛ́ |
lo |
me |
l-ondɔ |
ló-pey-á |
nó-sa-é |
nokɔ |
|
s2sg-donner-vf |
supp |
moi |
5-banane |
srel.5-mûrir-vf |
s1sg-mettre-opt |
bouche |
|
‘Donne-moi une banane plantain bien mûre pour que je mange/mette dans ma bouche !’ |
(68) |
otó mótówasé ɓotó nolɛ́ |
|||
o-tó |
mó-tó-ówas+H̥e |
ɓotó |
nolɛ́ |
|
1-homme |
srel:3sg-hab-tuer-vf |
personnes |
sur.terre |
|
‘une personne qui tue les gens sur terre’ |
(69) |
óhúwági noka |
|
ó-húw-ag-H̥i |
noka |
|
s3sg-arriver-pf-vf |
village |
|
‘Il arrive à la maison.’ |
(70) |
óɗéyɔ́ pá nongo |
||
ó-ɗéy-o-é |
pá |
nongo |
|
s2sg-couper-sep-opt |
emph |
au.cou |
|
‘Que tu puisses me couper le cou.’ (façon de jurer)’ |
(71) |
loya lótósá nokɔ ɓɛ́ okí nokɛ |
|||||
lo-ya |
ló-tó-sá |
nokɔ |
ɓɛ́ |
lo-kí |
nokɛ |
|
11-eau |
srel:11-s1pl-manger |
bouche |
foc |
srel.11-cop |
?fort/piquant |
|
‘Le vin que nous buvons/mangeons dans nos bouches est fort.’ |
(72) |
tɔ́ te tɔ́ mɪ nosa tó nokɔ |
|||
tɔ́-te-tɔ́ |
mɪ |
no-sa=tó |
nokɔ |
|
dem:7-chose-dem:7 |
moi |
s1sg-manger-vf=evid |
bouche |
|
‘Cette chose, moi je mange dans ma bouche.’ |
(73) |
otiyaga tó ɓoda |
|
Ø-o-tiy-ag-a=tó |
ɓoda |
|
s2sg-o3pl-couvrir-pf-vf=evid |
testicules |
|
‘Couvre un peu les/tes bourses !’ |
(74) |
ongísá mbɪ ! |
|
Ø-o-ngís-á |
mbɪ |
|
s2sg-o3pl-arranger-vf |
vêtements |
|
‘Arrange les vêtements !’ |
(75) |
lota lósu ɓɛ́ obató no ɓɛ́ ? |
|||||
lo-ta |
lósu |
ɓɛ́ |
o-(e)b-a=tó |
no |
ɓɛ́ |
|
11-parole |
11:poss.1pl |
foc |
s2sg-savoir-vf=evid |
acc |
foc |
|
‘Connais-tu le problème dont nous parlons ?’ |
(76) |
noba=tó no bɛ́ |
||
no-(e)b-a=tó |
no |
bɛ́ |
|
s1sg-savoir-vf=evid |
acc |
foc |
|
‘Oui, nous le savons ( = je le sais).’ |
(77) |
lombolo só lótosé!lágá nokɔ ɓɛ |
||||
lo-mbolo |
só |
ló-to-sél-ag-H̥a |
nokɔ |
ɓɛ |
|
11-affaire |
nous |
orel.hab-parler-pf-vf |
bouche |
foc |
|
‘Les nouvelles dont nous parlons dans nos bouches, |
(78) |
okóbɛ no bɛ́ ? |
||
o-kó-(e)b-ɛ |
no |
bɛ́ |
|
s2sg-pres-savoir-vf |
acc |
foc |
|
‘les saviez-vous ?’ |
(79) |
sélángá ti lomboló ná ɓotó ɓósu |
||||
Ø-séláng-á=ti |
lomboló |
ná |
ɓo-tó |
ɓó-su |
|
s2sg-parler-vf=voc |
dialogue |
com |
2-personne |
2-poss:1pl |
|
‘prenez un peu langue avec nos gens !’ |
(80) |
esá me nokɛ/osá ke me nokɛ |
|||
Ø-e-sá-á |
me |
nokɛ |
||
s2sg-o1sg-donner-vf |
moi |
un.peu |
||
o-sá |
ke |
me |
nokɛ |
|
s2sg-o1sg-donner-vf |
emph |
moi |
un.peu |
|
‘Donnez-moi un peu !’ |
(81) |
wɪ otó móbibi |
|||
wɪ |
Ø |
o-tó |
mó-bibi |
|
toi |
cop |
1-personne |
1-mauvais |
|
‘Tu es un mauvais.’ |
(81) |
olísiya pá na lomba ! |
|||
o-lí-siy-a |
pá |
na |
lomba |
|
s2sg-pas-arriver-vf |
rstr |
com |
argent |
|
‘Tu es avare/tu ne partages jamais.’ = ‘Que tu es devenu riche !’ ? |
(82) |
tómaté ola ! |
|
tó-mat-é |
ola |
|
s1pl-fuir?-opt |
fuite/course? |
|
‘Allons-y/fuyons !’ |
(83) |
tósɪ́ motete nokɛ́ |
||
tó-sá-ɪ́ |
motete |
nokɛ́ |
|
s1pl-aller-opt |
boisson |
un.peu |
|
‘Allons préparer un peu de boisson !’ |
(84) |
ɓabulamatáli ɓólísiya nokaye ósu |
|||
ɓa-bulamatáli |
ɓó-lí-siy-a |
nokaye |
ósu |
|
2-l’Etat |
s3pl-pas-arriver-vf |
au.village |
17.poss:1pl |
|
‘Les agents de l’État sont arrivés chez nous.’ |
(85) |
osá to me motete tá mokíla ɗongó |
|||||
o-sá-á=to |
me |
mo+te-te |
té-á |
mokíla |
ɗongó |
|
s2sg-donner-hort =evid |
moi |
6+7-chose |
7-con |
vin |
palmier |
|
‘Pouvez-vous me donner un peu de vin de raphia ?’ |
(86) |
reyɔ́ mbiná |
||
reyɔ́ |
mbiná |
||
?? |
?? |
Manquent les gloses |
|
‘Le pénis est en érection.’ |
(87) |
ɔ́ bití mɪ ró mbená |
||||
ɔ́ |
bití |
mɪ |
ró |
mbená |
|
loc? |
jour |
moi |
virt |
mourir |
|
‘Quand je mourrai.’ |
Appendice 2 : SIGLES ET ABRÉVIATIONS UTILISÉS
+ |
harmonie vocalique |
opt |
optatif |
! |
ton haut mélodique |
O |
objet |
< |
provient de |
o1 |
objet accord à la 1ère personne |
> |
aboutit à |
o3 |
objet accord à la 3ème personne |
(T) |
ton incertain |
orel |
accord objet de la proposition relative |
acc |
accompli |
pas |
passé |
ATR |
advanced tongue root |
pf |
pré-finale |
C.S. |
Comparative Series |
pl |
pluriel |
caus |
causatif |
poss |
possessif |
com |
comitatif |
pres |
présent |
comp |
complémentiseur |
rel |
relatif |
con |
connectif |
rstr |
restrictif |
cop |
copule |
S |
sujet |
dem |
démonstratif |
s1 |
accord sujet à la 1ère pers. |
dist |
distanciatif |
s2 |
accord sujet à la 2ème pers. |
emph |
emphase |
s3 |
accord sujet à la 3ème pers. |
evid |
évidentiel |
srel |
accord sujet de la proposition relative |
foc |
focus |
sep |
suffixe séparatif |
hab |
habituel |
sg |
singulier |
hort |
hortatif |
subj |
subjonctif |
idt |
identificationnel |
supp |
supplicatif |
ind |
indéfini |
vf |
voyelle finale |
inf |
infinitif |
virt |
virtuel |
loc |
locatif |
voc |
vocatif |
N |
nasale |
11 |
préfixe de classe 11 |
Ꞥ |
nasale préfixe |
17 |
préfixe de classe 17 |
neg |
négateur |
2+1 |
?? |
6+3 |
?? |
[1] Cérémonie à laquelle participent également les Pygmées Bambuti (Schebesta 1952: 267–277, Turnbull 1957: 191–216, Museur 1969: 154).
[2] Cf. De Saint Moulin & Kalombo (2005: 87).
[3] Un thème régional, cf. aussi Dɔ́kɔ-Bwela: -bɔ ́mú/-ndamú (Twilinginyimana 1984:47).
[4] L’addition du préfixe de la classe 6 aux substantifs entiers de la classe 3 est régulière en langues ɓóa (Motingea 2005:50).
[5] Le PV 3SG ó- est évidemment attesté ailleurs en bantou ; i.a., en kikongo (Meinhof & Van Warmelo 1932:174, en mbugwe (Mous 2004), etc.
[6] On noter une marque similaire (à ton contrastif) en binja-sud (Motingea 1996:114).
[7] Cf. Bibliographie des Batswa par Vinck (1980).
License
Recommended citation ¶
Motingea Mangulu A, Tazanaba Kadite D (2022). Notes préliminaires sur le letakpú. Afrikanistik Aegyptologie Online, Vol. 2022. (urn:nbn:de:0009-10-55263)
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